9/09/2025
La session 2026 des concours d’assistant d’enseignement artistique s’annonce particulièrement disputée. Certes, le nombre de postes ouverts (1 878) est en hausse par rapport à 2022, mais la sélectivité reste forte et les interrogations nombreuses. Comment choisir entre concours externe, interne ou 3e concours ? Et surtout, est-il possible de se présenter simultanément à plusieurs voies ?
Ces questions agitent déjà les réseaux professionnels et témoignent, une fois de plus, de la complexité propre à la filière enseignement artistique. Tentons d’y voir clair.
En 2026, 1 878 postes sont ouverts au grade d’assistant d’enseignement artistique principal de 2e classe1 et de 491 postes sur celui d’assistant territorial d’esneignement artistique2.U n volume supérieur à 2022, mais inférieur à celui de 2018.
À la différence de 2022 où cinq disciplines3 n’avaient pas été ouvertes, seule la discipline Musique électroacoustique ne sera pas ouverte pour la seconde fois depuis la reprise des concours en 2018.

Concours et stratégie : pas de recette miracle
Les inscriptions ayant débuté ce jeudi 18 septembre, beaucoup de candidats s’interrogent sur la meilleure stratégie d’inscription. Faut-il privilégier une voie plutôt qu’une autre ? Tenter plusieurs concours à la fois ?
Soyons clairs : il n’existe pas de martingale. Les statistiques des sessions précédentes ne permettent pas d’anticiper les résultats, tant les paramètres varient d’un concours à l’autre. Chaque candidat doit évaluer ses propres atouts, accepter une part de risque et assumer pleinement son choix — qu’il débouche ou non sur une réussite.
La question du grade, une subtilité à connaître
Sans revenir sur cette invraisemblable problématique du 1er grade (AEA), il faut rappeler qu’il est possible pour un.e candidat.e pianiste — voire même d’une autre discipline instrumentale (percussions, notamment) pour l’accompagnement danse qui n’est pas normée — de concourir tout à la fois sur le premier grade d’assistant territorial enseignement artistique dans la discipline accompagnement et sur celui d’assistant territorial enseignement artistique principal de 2è classe dans la discipline piano ou autres, le cas échéant. Il en est de même pour la spécialité l’art dramatique, discipline également ouverte pour les deux grades, sous réserve d’être en possession du diplôme requis4.
Bien entendu, les épreuves du 1er grade porteront, pour la musique, sur la discipline spécifique de l’accompagnement, mais il n’est pas rare de voir des enseignant.e.s pianistes assurer également des accompagnements, que ce soit pour la musique ou pour la danse. Aussi ce choix pourrait-il leur permettre d’intégrer la fonction publique territoriale par le 1er grade, dans l’attente de pouvoir accéder au second par la voie du choix ou celle de l’examen professionnel, dans le cadre de l’avancement de grade. Cependant, attention : en cas de réussite sur le premier grade (AEA), la rémunération peut être inférieure à celle actuellement perçue par un contractuel positionné en référence à la grille d’un AEAP2. Un paramètre à bien mesurer avant de faire son choix.
DE dans la discipline ? Pas nécessairement
La question revient sans cesse : faut-il présenter la discipline de son diplôme ?
Réglementairement, posséder un DE ou un DUMI (ou équivalent) suffit pour s’inscrire, quelle que soit la discipline du concours5. Ainsi, un titulaire du DUMI peut candidater en saxophone ou en violon. Mais dans les faits, l’identité disciplinaire pèse lourd dans l’évaluation des jurys. Le spécialiste de la discipline sera probablement plus exigeant face à un candidat issu d’une autre discipline que la sienne, là où les membres administratifs ou élus présents au jury valoriseront plutôt la polyvalence.
👉 Conseil : si votre discipline de concours diffère de celle de votre diplôme, préparez un argumentaire solide et montrez en entretien en quoi votre parcours et vos compétences sont transférables et en quoi votre polyvalence est un atout pour l’établissement et la collectivité, aujourd’hui plus que jamais !
Multi-inscriptions : l’interdiction… et l’exception
On annonçait la fin des multi-inscriptions avec la loi du 6 août 2019. Pourtant, la réalité est différente. L’article 36 de la loi de 1984 interdit seulement l’inscription multiple quand plusieurs centres de gestion organisent un concours pour le même grade et que les épreuves ont lieu simultanément.
Conséquence : dans la branche de l’enseignement artistique, où un seul centre organise les épreuves et où celles-ci ne sont presque jamais concomitantes, les candidats peuvent bel et bien s’inscrire à plusieurs voies dans une même discipline (externe, interne et 3e concours). En revanche, la multi-inscription dans plusieurs disciplines reste proscrite, comme elle l’a toujours été.
Le décret n°2021-376 définit sommairement le fonctionnement du logiciel de reconnaissance des multi inscriptions. Dès lors que le logiciel détecte une double inscription portant sur deux disciplines différentes, le message suivant s’affiche sur la page du formulaire d’inscription :

En revanche, le logiciel ne considère pas qu’il y a « double inscription » dans le cas où un candidat s’inscrit simultanément à plusieurs voies, lorsqu’il s’agit d’une même discipline :

Cette mention n’a de sens que pour le cas où les épreuves de ces deux voies de concours seraient simultanées, auquel cas il sera demandé au candidat de choisir. Mais pour des raisons principalement liées à l’organisation spécifique des concours d’enseignants, les épreuves ont très rarement lieu simultanément entre les différentes voies, ce qui rend donc possible ce choix multiple pour une même discipline.
Cette subtilité — une de plus ! — a échappé à la Direction générale des collectivités locales (DGCL) et l’on retrouve, comme en 2018, la possibilité pour un candidat de présenter, pour une même discipline, plusieurs voies de concours, sous réserve bien entendu de remplir les conditions requises.
Une conséquence lourde : la perte de postes
La précarité chronique et le fonctionnement pour le moins chaotique de la branche de l’enseignement artistique depuis 2011 ont eu pour effet de placer nombre de candidats diplômés — et donc éligibles au concours externe — dans des situations professionnelles fragiles. Beaucoup exercent depuis de longues années comme agents contractuels, ce qui les rend également recevables au concours interne. À cela s’ajoute, pour nombre d’entre eux, une expérience associative significative qui ouvre aussi la voie au troisième concours. Il est donc hautement probable qu’une part importante des candidats choisira de s’inscrire simultanément aux deux, voire aux trois concours, afin de maximiser ses chances.
Problème : un candidat admis sur deux voies ne pourra figurer que sur une seule liste d’aptitude. Un poste sera donc perdu, faute de listes complémentaires dans la territoriale — contrairement à l’Éducation nationale. Cette rigidité contribue à l’inefficience globale du système et nourrit un sentiment d’injustice dans une filière déjà marquée par la précarité depuis plus d’une décennie.
Trois concours, trois logiques
- Externe : une seule et unique épreuve pour la voie externe — l’entretien6 ;
- Interne : plusieurs épreuves, permettant de valoriser l’expérience et les compétences pédagogiques et artistique en montrant plusieurs facettes de sa personnalité
- 3è concours : semblable à l’interne, mais accessible grâce à une expérience hors territoriale (secteur associatif, privé…) qui peut
👉 Les profils plus introvertis pont avoir intérêt à éviter l’externe, pour ne pas reposer toute leur chance sur un seul oral. Mais la proportion des postes interfère également (50/30/20)…
En conclusion
Concours 2026 : plus de postes, mais pas moins de complexité. Entre la question des grades, celle des disciplines et l’opportunité des multi-inscriptions, chaque candidat devra construire sa stratégie en fonction de son parcours, de ses forces… et de son tempérament.
Bonne préparation à toutes et à tous !

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- 92 en arts plastiques, 50 en art dramatique, 136 en danse et 1 600 en musique.
- 59 en arts plastiques, 32 en art dramatique et …400 (!) en musique.
- Direction d’ensembles vocaux, Direction d’ensembles instrumentaux, Harpe, Musique électroacoustique et Musiques traditionnelles.
- Voir annexe I du Décret n° 2012-1019 du 3 septembre 2012 fixant les modalités d’organisation des concours pour le recrutement des assistants territoriaux d’enseignement artistique.
- La question reste posée pour la danse ; les réponses étant fluctuantes.
- Pour les spécialités danse, musique et art dramatique.